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Sport à la télé : de nombreuses disciplines dans l’ombre du football, du rugby et du cyclisme

Alexandra Kiroi-Bogatyreva
Alexandra Kiroi-Bogatyreva

Les Décodeurs du Monde ont sorti un gros dossier sur les retransmissions sportives à la télévision en France. Elle révèlerait une surexposition des disciplines « de riches », comme le golf, et une sous-exposition de sports populaires, comme le judo.

Toutefois, cette conclusion paraît un peu trop rapide : en comparant le nombre de licenciés par fédération et le temps d’antenne des sports, on observe, par exemple, un différence de traitement entre l’équitation (sport peu réputé pour son accessibilité), qui compte beaucoup de licenciés et peu d’heures de retransmission, et le cyclisme, sport plus populaire, mais dont le ratio licenciés/temps d’antenne est inverse.

Le football est évidemment à part : « Il n’y a pas d’autre genre où vous faites plus de 15 millions de téléspectateurs », explique Frédéric de Vincelles, directeur de la programmation sportive de M6. Le rugby suit derrière : « C’est un sport qui a une image premium, joue de ses valeurs et a toujours été précurseur en termes d’exposition télé » grâce au Tournoi des six nations, continue Marine Lallement, présidente de Fast Sport.

Les professionnels du sport et de la télévision soulignent cette différence entre popularité et diffusion télé, mais elle s’explique par d’autres raisons. Le judo, par exemple, « est plein de prises différentes aux noms japonisants, avec des différences peu évidentes, et même avec quatre ralentis on ne comprend pas toujours bien », regrette Jérôme Saporito, directeur du pôle télévision de L’Equipe. « Un match, cela peut durer douze secondes. En télé, ce n’est pas génial » conforte Frédéric de Vincelles.

« Certains sports n’ont pas en eux les atouts pour séduire », tranche Arnaud Simon, ancien directeur d’Eurosport. L’escrime, trop froid et impersonnel, le badminton et le tennis de table, trop rapides. Même si, ponctuellement, ou grâce aux efforts des fédérations, ces sports peuvent trouver du temps d’antenne et de l’audience.

Le biathlon, lui, n’a pas ce problème. Malgré un nombre de licenciés famélique (2 000 en France), il truste les chaînes sportives en hiver : « Le biathlon, on part tous d’une ligne, c’est simple ; à la carabine il y a une cible, c’est très visuel » décrypte Jérôme Saporito, dont la chaîne diffuse largement ce sport.

L’article souligne enfin la sous-représentation des pratiques plus féminines. La gymnastique se contente ainsi de miettes, le twirling n’a jamais été diffusé en 2022 et le patinage artistique ne doit son exposition qu’aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin. Ils paient un creux en termes de performances françaises, des formats de compétition qui se sont peu modernisés, ou encore un manque de rendez-vous phares, hors JO. « Aujourd’hui ces images sont souvent perdues en fond de grille, on a l’impression de ne plus les voir », admet Christophe Lepetit, économiste du sport au CDES.

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