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La LFP lance sa plateforme vidéo avec des défis majeurs

Nicolas de Tavernost, directeur général de LFP Media, a confirmé le lancement imminent de la chaîne Ligue 1+, un projet que l'ancien patron de M6 qualifie de "challenge enthousiasmant". Face à un "timing très serré" de deux mois et demi de préparation, cette initiative marque un tournant stratégique majeur pour le football professionnel français, qui prend en main sa propre diffusion malgré un contexte de fortes tensions avec ses partenaires historiques.

Un modèle d'“hyper distribution” face à des obstacles

La LFP a fait le choix d'une "hyper distribution, c'est-à-dire pas d’exclusivité", en concluant des accords avec la "quasi-totalité des acteurs" du marché. Des offres couplées sont en préparation, avec l’Equipe notamment.

L'objectif est de rendre le championnat accessible au plus grand nombre, avec un objectif de "un million d’abonnés à l’issue de cette saison". Nicolas de Tavernost reconnaît toutefois que les clubs feront face à "deux années compliquées en termes de droits télés domestiques". À long terme, l'ambition est claire : "D’ici quatre ans, les clubs devraient avoir des revenus importants" et Ligue 1+ s'imposera comme "un actif" valorisable.

Des conflits ouverts avec beIN et canal+

La mise en place de cette stratégie se heurte à des litiges majeurs. Canal+ a refusé de distribuer la plateforme, après que les négociations aient échoué sur un minimum garanti de "100 millions d'euros" jugé insuffisant pour la Ligue. De Tavernost maintient que "le compte n’y était pas à nos yeux" et que "la porte de LFP Médias reste ouverte à Canal+ à n’importe quel moment", espérant que le succès de la chaîne convaincra le diffuseur historique de rejoindre le projet en tant que distributeur.

Le conflit avec beIN Sports est encore plus brûlant. Le diffuseur franco-qatarien, qui détient le match "premier choix" du samedi (78,5 millions d'euros annuels), n'a versé que "14 des 18 millions d’euros" de sa première échéance. Cette action est une protestation contre les "contraintes" contractuelles qui limitent ses choix de programmation, notamment en l'empêchant de diffuser le même club deux fois de suite. La LFP, de son côté, estime que "si évolution il doit y avoir, il faut une négociation, une compensation", laissant entendre que toute modification du contrat actuel aurait un coût.

Un positionnement éditorial et un avenir en jeu

Pour séduire le public, Ligue 1+ promet une "liberté éditoriale totale", affirmant qu'elle "ne sera pas une chaîne officielle" et qu'elle traitera les 18 clubs de manière impartiale. Le lancement de la chaîne s'accompagne d'une "nouvelle charte médias" visant à améliorer l'immersion dans les clubs, un modèle inspiré du rugby.

Ce projet est un pari audacieux dans un marché des droits TV fragmenté et volatile. La capacité de la LFP à gérer ces conflits tout en atteignant ses objectifs d'abonnement sera déterminante pour la santé et la stabilité financière future du football français.

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