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Pourquoi le rugby féminin français joue gros avec la Coupe du monde 2025

Le rugby féminin français se trouve à un moment charnière de son développement. À l'aube de la Coupe du monde en Angleterre, la Fédération française de rugby mise sur cette compétition pour accélérer sa croissance, à la fois en termes de visibilité, d'attractivité et de structuration économique. Les indicateurs sont au vert, mais le chemin vers la pleine professionnalisation reste un défi de taille.

L’essor médiatique et l’ambition d’une base de pratiquants élargie

L'audience et l'engouement autour du XV de France féminin sont en "progression exponentielle". Une étude Kantar Média révèle que "40 % des personnes intéressées par ce sport suivent désormais les rencontres des Bleues". Si l'on reste derrière les chiffres du XV de France masculin (7,3 millions de téléspectateurs en moyenne), les 1,8 million de téléspectateurs qui ont suivi les matchs des filles lors du dernier Tournoi des six nations témoignent d'un public de plus en plus large.

Cet élan médiatique se traduit par une hausse du nombre de pratiquantes : la FFR recense "52 689 licenciées", un chiffre qui a "augmenté de 18 % en un an et a été triplé en dix ans". L'objectif est ambitieux : atteindre les "100 000 licenciées d'ici à 2033", grâce notamment au "plan Marshall" de la FFR, qui consacre un tiers d'une enveloppe de 60 millions d'euros à la pratique féminine. Le partenaire Adidas a également débloqué "2 millions d'euros pour aider au développement".

Un modèle semi-professionnel à repenser

Malgré ces avancées, le statut des joueuses reste un frein. Seules "32 joueuses sont aujourd'hui sous contrat fédéral d'un an, avec un statut semi-professionnel à 75 %" et des salaires mensuels "compris entre 3 500 et 4 000 euros". Ce statut est bien loin de celui de leurs homologues anglaises et néo-zélandaises, qui sont majoritairement "professionnelles à temps plein". Cet écart se traduit par un "écart de niveau criant" sur le terrain, comme en témoigne la récente défaite face aux Anglaises (6-40). Le président Florian Grill le reconnaît : "on est outsiders", mais il veut que les Bleues "jouent leur carte à fond et profitent de cette médiatisation exceptionnelle".

Comparaison avec le football féminin français

En comparaison, le football féminin français a connu une accélération de la professionnalisation de la D1, mais avec des critiques sur la manière dont la Fédération Française de Football a géré l'héritage de la Coupe du Monde 2019 organisée en France. Les "actes manqués" de la FFF, selon de nombreux experts, concernent le manque d'un plan stratégique et financier global pour professionnaliser pleinement la D1 Arkema, malgré un engouement populaire sans précédent.

Si le nombre de licenciées a significativement augmenté après 2019, l'absence d'une structure salariale minimale pour l'ensemble de la division et le faible investissement dans les infrastructures ont limité la transformation de cet élan populaire en un modèle économique durable pour l'ensemble des clubs. La FFR, en capitalisant sur le Mondial 2025, a l'opportunité de ne pas reproduire ces erreurs.

La Coupe du monde 2025 sera un "tournant" pour le rugby féminin. Avec un impact économique estimé entre 25 et 33 millions d'euros et 375 000 billets déjà vendus, le succès populaire est assuré en Angleterre. Le défi pour la FFR sera de capitaliser sur cet élan pour atteindre ses objectifs de recrutement de licenciées et, à terme, de transformer l'essai de la professionnalisation.

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