"Quel sport gagne à cacher ses joueuses ?" : le BBH brave l’interdit de la Ligue
Le Brest Bretagne Handball, vainqueur de ses deux premiers matchs de la saison, a décidé de passer à l'offensive sur un autre terrain, celui de la gouvernance et des droits de diffusion.
Le club a annoncé qu’il diffuserait à ses frais son match de championnat contre Le Havre le 1er octobre, malgré l'interdiction de la Ligue Féminine. Cette décision, qui entraînera une amende de "5 000 euros", pose la question des modèles économiques dans le sport féminin, entre une logique centralisée des droits et la volonté des clubs de gagner en visibilité.
L’incohérence d’une politique restrictive
Le conflit s'inscrit dans un contexte où le BBH, désireux de développer son audience, souhaitait diffuser tous ses matchs à l'extérieur. Le président du club, Gérard Le Saint, dénonce le refus de la Ligue de lui accorder une "dérogation".
Il souligne l'incohérence de la situation, pointant le fait que Le Havre a une dérogation pour jouer en D1 mais pas pour "une diffusion télé". Gérard Le Saint est désormais dans une logique de contestation : "Tout ce qu’on demande, on nous répond non. Alors nous aussi on dit non maintenant".
Les enjeux économiques et éthiques de la visibilité
Le communiqué du club ne se contente pas d'annoncer sa désobéissance ; il s'inscrit dans une "lutte bien plus importante" pour la "reconnaissance de nos joueuses et de la dignité du handball". Le BBH est prêt à payer l'amende pour défendre l'idée que le sport, et en particulier le sport féminin, doit être visible pour se développer.
Le club pose des questions fondamentales sur le modèle économique de sa discipline : "Quel sport gagne à cacher ses joueuses ? Quel sport progresse en coupant le lien avec ses supporters ?".
Cette position met en lumière un débat crucial pour la viabilité du sport féminin. Tandis que les ligues et les fédérations cherchent à valoriser leurs droits de manière centralisée pour en tirer un maximum de revenus (ou de conserver leur prérogative), les clubs, eux, estiment que la priorité est de bâtir une base de fans et une notoriété, quitte à diffuser leurs matchs gratuitement ou à leurs frais. Le manque de visibilité médiatique reste un frein majeur pour attirer de nouveaux sponsors, fidéliser le public et, à terme, professionnaliser l'ensemble de l'écosystème.
Le BBH, qui s'illustre par ses performances sportives, utilise désormais sa puissance médiatique pour forcer un débat sur la gouvernance de son sport. Ce bras de fer est un cas d'école sur la manière dont les clubs, en tant qu'acteurs économiques, peuvent contester les modèles traditionnels pour défendre leurs intérêts et ceux de leurs athlètes.
Cette "lutte" du BBH pourrait bien inspirer d'autres clubs et accélérer la transition vers un modèle plus ouvert et plus adapté aux enjeux de croissance du sport féminin.
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