Partenariat Vivalley-RC Lens : Jérôme Lestir construit un pont entre l'innovation et la performance sportive

Fort d'une expérience de quinze années dans le football professionnel, Jérôme Lestir a opéré un virage significatif vers le monde de l'innovation sportive. Séduit par le "dynamisme et la créativité" de l'écosystème des start-up, il s'est investi dans de nombreux projets en tant qu'investisseur, conseiller et développeur. C'est dans ce contexte que son parcours l'a naturellement conduit à prendre la direction de l'incubateur sport et bien-être « Vivalley by Eurasanté », qui a annoncé, il y a quelques jours, un partenariat avec le Racing Club de Lens.

Vous avez récemment pris la direction de l’incubateur sport et bien être “Vivalley by Eurasanté”. Pouvez-vous nous raconter votre parcours jusqu'à cette nouvelle aventure ?

Jérôme Lestir : Cette nouvelle étape est une suite logique de mon parcours professionnel. J'ai passé 15 années principalement dans le football au sein de l’agence Sportive pour le FC Nantes et l’Estac puis directement en club avec le LOSC. A quelques-uns, nous avons participé à créer les fondations de ce club. Cette longue période de 1999 à 2010, de la L2 à Champions League, pour construire les bases d'une entreprise pérenne a été enrichissante et m'a ensuite amené à me consacrer au monde de l'innovation du monde du sport.

Qu'est-ce qui a motivé ce changement de cap vers l'innovation ?

J'avais un peu le sentiment que le sport français peinait à évoluer sur de nombreux aspects liés aux changements. Le dynamisme et la créativité que j'ai trouvés dans l'écosystème des start-up m'ont plu. Je me suis retrouvé impliqué dans de nombreux projets, en tant qu'investisseur, conseiller ou développeur, avec son lot habituel de succès et d'échecs. J'ai alors pris conscience de la nécessité d'une vision différente du sport en Europe, une évolution qui me semblait un peu lente à mon goût.

Vous évoquez cette lenteur de l'évolution. Pensez-vous que le contexte actuel, notamment avec les enjeux économiques, pourrait accélérer les choses ?

Je l'espère oui. Souvent, en France, mais c’est souvent vrai aussi en Europe, les changements s'opèrent par obligation et lorsque les solutions deviennent moins nombreuses. La situation actuelle des droits TV du football en est un exemple parfait. Le point positif, c'est que cela va permettre de réunir des personnes expérimentées qui vont apporter leurs compétences acquises dans d’autres domaines.

Et c'est dans ce contexte que vous avez rejoint Vivalley Sport Bien-être. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

Après toutes ces années dans le monde des start-ups, l'annonce de ce poste a coché beaucoup de cases pour moi et il répondait aussi à mon envie de partager mon réseau et mon expérience aux créateurs d’entreprises. Après une expérience plutôt opérationnelle pour accompagner le lancement du projet du FC Versailles, cette opportunité d’intégrer Vivalley by Eurasanté était particulièrement intéressante. Eurasanté qui est une structure bien établie depuis 25 ans, et pilotée par Etienne Vervaecke et ses équipes est un véritable pôle de développement économique territorial des Hauts de France avec plusieurs incubateurs dédiés à la santé, à l’alimentation et au bien vieillir. Vivalley, le plus récent, se concentre sur le sport au sein d'un campus d'excellence de 110 hectares financé par la Communauté d'agglomération de Lens-Liévin (la CALL). J'ai repris le développement de cet incubateur il y a un an avec l'ambition d'accélérer son essor et de motiver des porteurs de projets attirés par un territoire dynamique porté par les derniers Jeux Olympiques.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le fonctionnement de Vivalley Sport Bien-être ?

Nous accompagnons les projets à différents stades. Le programme "Start" initial en 2 phases permet de dé-risquer une idée jusqu'à la création d'entreprise. Ensuite, “l'Incubation” qui dure généralement 24 à 36 mois, où l'on accompagne le porteur de projet avec un soutien multifonctions (stratégie, juridique, financier, communication, RH …). Enfin, “l'accélération” est destinée aux entreprises qui ont trouvé leur marché et que l'on aide à lever des fonds ou à pivoter par exemple.

La force d'Eurasanté est de s'appuyer aussi sur un réseau de partenaires privés important, qui permet de réunir les acteurs clés de la métropole et de la région autour de ces thématiques. Nous pouvons accueillir également des projets issus d'autres territoires à la condition de s’installer et de créer des emplois rapidement sur le territoire des hauts de France.

Vous avez récemment noué un partenariat avec le RC Lens. Quelle est la nature de cette collaboration et quels en sont les objectifs ?

Effectivement, il me semblait essentiel d'avoir un acteur fort du territoire du monde du sport. Le RC Lens, étant donné notre implantation à Liévin, était le partenaire idéal. Après quelques mois de discussions, nous avons trouvé un accord qui répondait aux besoins des deux parties. Je tiens d'ailleurs à remercier Joseph Oughourlian et ses équipes pour leur confiance et leur vision des enjeux des clubs qui dépassent les résultats sportifs.

Ce partenariat est institutionnel dans le sens où il permet au RC Lens de prouver son engagement envers le territoire en soutenant des start-up innovantes. Mais il est aussi très opérationnel. L'idée est de permettre aux porteurs de projets que nous incubons de travailler directement avec le club sur des problématiques concrètes de leur quotidien, notamment en matière de performance sportive. A ce jour, quatre sujets ont été identifiés par la Direction de la Performance du RCL.

Comment s'est mis en place concrètement cette collaboration avec le RC Lens au niveau sportif ?

J’ai sollicité Laurent Platini, le directeur commercial et marketing du club, qui a rapidement adhéré au projet, et ensemble, nous avons impliqué le secteur sportif qui a été réactif pour avancer sur le sujet de la performance sportive. En quelques jours, ils sont revenus avec des listes de besoins précis et souvent récurrents dans tous les clubs professionnels. L'objectif est maintenant d'identifier des start-up capables d'apporter des solutions techniques à ces besoins. L'expérimentation se fera principalement au centre de formation dans un premier temps, avant d'éventuellement s'étendre à l'équipe professionnelle dès que les solutions seront plus abouties. En un sens, le RCL est un laboratoire d’expérimentation et d'innovation des porteurs de projet du sport régional, montrant ainsi sa forte implication locale.

Concrètement, comment se déroule le processus une fois qu'un besoin est identifié ?

Pour chaque besoin exprimé par le club, nous allons identifier des porteurs de projets au sein de nos 150 start-up incubées pour voir si l'une d'elles correspond et pourrait répondre au sujet. Si ce n'est pas le cas, ou si le sujet est plus spécifique et précis, nous lancerons un appel à projets en France et peut être par la suite en Europe, avec l’aide de partenaires, pour nous aider à définir le besoin. Nous diffuserons ensuite ce besoin auprès du marché du sport et de l’innovation. L’attrait pour un porteur de projet de pouvoir travailler avec un club professionnel de cette envergue devrait susciter pas mal d’intérêts. Nous sélectionnerons alors les projets les plus à même de répondre à la commande de départ, puis les financerons avec l’aide de partenaires privés pour les accompagner dans leur phase d'expérimentation au sein du club.

Quels sont les premiers indicateurs qui vous permettent de mesurer le succès de ces initiatives ?

La communication autour de ce projet sur LinkedIn notamment, a généré un engouement important avec de nombreux messages d’acteurs du sport et du territoire. Le succès se mesurera aussi par le nombre de projets que nous parviendrons à accompagner jusqu'à la création de leur entreprise et, à terme, par l'impact concret de leurs solutions répondant aux besoins du RC Lens. Le partenariat avec le club est aussi là pour valider l'attractivité du territoire pour les porteurs de projets dans le sport.