
Paris 2024 : un bilan satisfaisant, un coût public contesté
Le bilan des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, dressé par la Cour des comptes dans son rapport de septembre 2025, est globalement "un sujet de satisfaction". L'organisation a été saluée pour la livraison des installations "sans retard" et un déroulement "sans aucun incident majeur". La France a atteint ses objectifs sportifs, se classant 5ᵉ aux J.O. et 8ᵉ aux J.P.. L'événement a bénéficié d'un "engouement populaire" et médiatique, suivi par cinq milliards de téléspectateurs dans le monde.
Cependant, la Cour des comptes a chiffré les dépenses publiques à une "forte mobilisation" : 3,02 milliards d'euros, dont 1,44 milliard pour la sécurité, pour l'organisation et 3,63 Md€ pour les infrastructures. Ce montant est contesté par le Comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques, qui estime pour sa part que la facture publique ne dépasse pas 2 Md€.
L'ancien patron des Jeux, Tony Estanguet, a critiqué la méthodologie de la Cour, qui inclut des dépenses qui "ne peuvent en aucun cas être imputées aux Jeux de Paris.” Le Cojop conteste l'imputation de dépenses structurelles à long terme ou courantes, dont :
Les dispositifs de haute performance : Des montants liés à la préparation des athlètes qui sont des investissements pérennes de l'État pour le sport français.
Les coûts du diffuseur historique : Les montants engagés par France Télévisions, qui "continuera à les diffuser après l’édition parisienne", ne devraient pas être considérés comme un coût spécifique aux JOP 2024.
Les projets d'aménagement urbain préexistants : La Cour aurait ajouté à la facture le financement de projets nés avant l'événement, comme des travaux sur certaines lignes de métro ou des coûts d'aménagements urbains (écoles, crèches, enfouissement des lignes haute tension) qui figuraient dans la maquette de la Solideo mais n'ont pas été financés par le budget d'organisation.
Pour Tony Estanguet, la seule question pertinente que la Cour s'est "refusée à examiner" est de savoir "quel montant aurait été économisé par les finances publiques si les Jeux ne s’étaient pas tenus à Paris ?". En intégrant des recettes qui ne sont pas "un financement public lié aux Jeux", la Cour gonflerait artificiellement le coût net pour l'État.
Des retombées économiques modestes et incertaines
Malgré un excédent de 75,7 M€ pour le Cojop , écartant tout risque d'appel en garantie de l'État, la Cour se montre prudente quant aux retombées économiques. L'impact des Jeux sur la croissance annuelle en 2024 est estimé à seulement +0,07 point du PIB. Ce faible rendement s'explique par des "effets d'éviction du tourisme habituel" et l'atténuation des effets des dépenses d'infrastructure par la "forte hausse des prix".
La prudence est de mise pour le long terme. "Moins d’un an après les Jeux, il est encore trop tôt pour évaluer les retombées à long terme". Les recettes fiscales générées par l'activité du Cojop entre 2019 et 2025 s'élèvent à 82,4 M€ , un montant modéré par l'application d'un taux de TVA réduit à 5,5 % sur la billetterie, induisant une dépense fiscale estimée à 193,3 M€.
Gouvernance et héritage : des acquis à pérenniser
La Cour des comptes salue les "avancées notables" en matière sociale et d'accessibilité. Le bilan social est très positif : sur les chantiers supervisés par la Solideo, aucun décès n'est à déplorer, et le nombre d'accidents est quatre fois inférieur à la moyenne du BTP. Les objectifs d'insertion ont été largement dépassés : 1,5 million d'heures ont été réalisées, soit plus de 250 % de l'objectif initial de 605 320 heures.
Concernant l'héritage, la Cour loue le modèle de gouvernance partenariale et le rôle pivot de la Dijop et de la Solideo. Le recours massif au bénévolat, avec 41 189 bénévoles mobilisés par le Cojop , a été encadré par une charte. Toutefois, elle note qu'il n'existe pas de "stratégie établie au niveau national pour valoriser les bénévoles", et formule une recommandation pour les Jeux d'hiver de 2030.
Malgré des avancées, notamment l'ouverture de sept premiers sites de baignade dans la Seine et la Marne à l'été 2025 , des incertitudes subsistent sur la qualité de l'eau et la pérennité des programmes lancés par le Cojop et transférés à l'Agence nationale du sport. La Cour conclut qu'il est "encore trop tôt pour en dresser un bilan définitif" de l'héritage.
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