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La "discrimination abusive" de la LFP contestée par Canal+

Difficile de faire l'impasse sur ce sujet brûlant... Le lancement de la nouvelle plateforme de la LFP, Ligue 1 +, est entaché d'une nouvelle escalade dans le conflit avec son ancien partenaire historique, Canal+. Après avoir claqué la porte des négociations en juillet, la chaîne cryptée est revenue à la charge avec la conviction qu'un accord de distribution était déjà "entériné", une position formellement contestée par LFP Media.

Le bras de fer juridique : une question de confiance

Le cœur du conflit réside dans un point de rupture survenu après que les deux parties eurent finalisé un "term sheet" (contrat détaillé) sur les "éléments essentiels du contrat de distribution" le 18 août. À la dernière minute, la LFP Media a exigé de Canal+ le retrait de ses poursuites judiciaires en cours, un préalable que le groupe crypté a refusé.

Pour Nicolas de Tavernost, directeur général de LFP Media, cette condition n'était pas une simple formalité, mais un enjeu de "confiance", nécessaire pour mettre fin à un "combat judiciaire quasi permanent depuis quatre ans". Selon lui, l'exécution d'un contrat de distribution de cette envergure "nécessite une proximité des deux groupes".

De son côté, Canal+ a répliqué en qualifiant la demande de la LFP d'"initiative unilatérale de dernière minute", non prévue dans les négociations et ajoutée dans un simple courriel, et estime qu'il s'agit d'une tentative de le "contraindre à renoncer à des contentieux".

Un ultimatum et des risques financiers

Les enjeux financiers sont colossaux. Canal+ réclame 600 millions d'euros de dédommagement à la Ligue suite au fiasco Mediapro, un montant que la LFP Media ne peut ignorer, même si les premières décisions judiciaires ont été tranchées en sa faveur. La LFP, qui a besoin d'abonnés pour rentabiliser son lancement, se prive de la base d'abonnés de Canal+, la plus importante en France.

Le refus de la LFP de fournir les flux a conduit Maxime Saada à adresser un courrier de "mise en demeure", exigeant la mise à disposition des flux avant le 22 août, sous peine de l'assigner en justice.

L'argument juridique de Canal+ est puissant : le groupe s'estime victime d'une "discrimination abusive" puisque la LFP, en "position dominante sur le marché", a déjà conclu des accords de distribution avec tous ses concurrents.

Ce feuilleton est un cas d'école passionnant pour les professionnels. D'un point de vue des négociations commerciales, il illustre la difficulté de conclure un accord sous la pression de litiges passés. En matière de droit des affaires, il soulève des questions sur les pratiques anticoncurrentielles et la validité d'une condition de dernière minute. Enfin, en communication, il montre comment deux entités publiques se livrent un combat médiatique pour justifier leurs positions.

La situation est loin d'être résolue, et chaque rebondissement offre une occasion unique de décrypter les mécanismes complexes qui régissent le sport business.

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