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La FFR a saisi le procureur pour percer les très chers mystères du "Mini Marcoussis"

L'actuelle direction de la Fédération Française de Rugby a signalé au procureur de la République les conditions d'attribution et de financement du projet de son "mini Marcoussis" à Pantin, baptisé Montbrand.

Ce signalement, effectué via l'article 40 du Code de procédure pénale, vise à éclaircir les "zones d'ombre" entourant ce projet initié sous la présidence de Bernard Laporte.

Un projet immobilier risqué aux coûts multipliés

Le projet Montbrand, qui doit être inauguré en février prochain , s'est avéré être un investissement "aussi lourd que risqué". Son coût initial, estimé à 12 millions d'euros, a doublé une première fois pour atteindre 23 millions d'euros , et se chiffre désormais autour de 33 millions d'euros.

Ce complexe devait initialement compenser un déménagement controversé du Centre National de Rugby à La Londe-les-Maures, un projet qui s'est heurté à des obstacles majeurs : l'impossibilité de modifier le Plan Local d'Urbanisme (PLU) de Marcoussis pour vendre le CNR à des fins immobilières et le refus de l'armée de céder ses terrains dans le Var.

Montbrand combine un programme immobilier commercial (logements, bureaux, maison de santé, restaurant, bureaux...) et un programme rugby (trois terrains, tribune de 600 places, salle de musculation). L'arrêt du projet de l'association Sport dans la ville en 2020 a entraîné l'apparition de 3 000 mètres carrés de bureaux supplémentaires , sans que la décision de poursuivre l'aventure, malgré l'augmentation des coûts, ne soit soumise au vote de l'Assemblée Générale.

Opacité contractuelle et déficit budgétaire

L'enquête judiciaire est motivée par une forte opacité. Une première interrogation porte sur les conditions d'attribution du marché au groupe de BTP NGE. Les raisons ayant conduit à choisir NGE, candidat tardif, n'auraient été que "très peu documentées", alors que Sogeprom et Nexity discutaient avec la FFR depuis six mois.

Un rapport d'expertise économique a également "pointé une forte opacité" sur les coûts , notamment un "différentiel important du prix du mètre carré entre le programme sportif et le programme commercial". La FFR a dû mettre en demeure NGE pour obtenir des pièces manquantes, "aussi nécessaires qu'obligatoires," concernant la décomposition des prix.

De plus, l'emprunt exceptionnel de 15 millions d'euros voté par l'AG pour financer le projet n'a pas été contracté à l'époque, obligeant l'administration Grill à "négocier un emprunt à des taux beaucoup moins favorables" alors que la Fédération était en déficit chronique. Aujourd'hui, la FFR a budgété un déficit d'exploitation de 2,8 millions d'euros par saison pour le projet Montbrand.

La justice devra également se pencher sur le rôle de l'ancien trésorier Alexandre Martinez, qui a signé le contrat de conception-réalisation avec NGE huit jours avant l'élection de Florian Grill, sans soumettre le projet à un vote de l'AG.

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