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Squeezie, Billy, McFly et Carlito : comment les créateurs de contenu influencent le sport

Le paysage de l'économie du sport est bousculé par l'arrivée massive des créateurs de contenu. Des figures comme Squeezie (19,7 millions d'abonnés sur YouTube) et Billy ne se contentent plus de commenter le sport, elles l'organisent, lui offrant une visibilité inédite.

Le succès de ces initiatives est spectaculaire, transformant des "farces" initiales en événements majeurs. Le GP Explorer 2 de Squeezie a établi un record de France avec 1,3 million de spectateurs connectés en simultané sur Twitch, et les 200 000 billets du GP Explorer 3 se sont vendus en deux heures.

Cette dynamique est incarnée par la France, considérée par Pontus Eskilsson, vice-président des partenariats globaux chez Twitch, comme étant à l'avant-garde du "stream sportif".

Des chiffres d'audience qui pulvérisent les records

L'influence de ces événements dépasse largement l'audience classique des fédérations. Le Pétanque Explorer de McFly et Carlito, par exemple, a réuni plus de 100 000 spectateurs en direct et cumulé 3,1 millions de vues en replay. À titre de comparaison, une demi-finale des Mondiaux de pétanque diffusée sur la chaîne fédérale plafonnait à 301 000 vues.

Ces chiffres, selon Domingo, prouvent que le sport est un "super support pour du divertissement" et permet de toucher un public "beaucoup plus jeune" que la diffusion télévisée traditionnelle.

Les fédérations sont contraintes de s'adapter. La FFSA est devenue partenaire du GP Explorer, fournissant les monoplaces de F4 et la formation, dont les instructeurs ont "façonné Pierre Gasly et Isack Hadjar".

Les fédérations de boxe et de pétanque saluent le sérieux des créateurs qui, loin de tourner la discipline en dérision, imposent un "respect de l'art" tout en y ajoutant le côté "entertainment".

Le modèle économique des créateurs, nouvelle référence

Ces événements sont non seulement des succès d'audience, mais aussi des modèles économiques robustes dont les fédérations commencent à s'inspirer. Pierre Gosselin, président de la FFSA, identifie cinq leçons majeures, dont :

Ce modèle, qui duplique la stratégie des vidéos sponsorisées, permet de générer des "confortables recettes billetterie" et de mettre en avant des athlètes jusqu'alors "sous les radars", comme le champion de pétanque Dylan Rocher.

Le club du Paris Basketball a franchi le pas, s'inspirant de cette "culture internet" pour repenser son expérience spectateur à l'Adidas Arena. Le co-fondateur de l'agence Yard, Tom Brunet, insiste : "On doit donc réfléchir à la meilleure façon de les faire venir dans notre Arena."

Avec la présence de co-actionnaires comme Omar Sy et l'ambassadeur Mister V, le club a injecté un "souffle frais" et mis en place un véritable show (concerts, essais) pour que l'expérience en match soit cohérente avec la communication sur les réseaux sociaux.

Ce renouveau dans les animations et les playlists est un message clair que l'industrie du sport professionnel doit adresser à la "prochaine génération de spectateurs".

L'éphémère contre la pérennité

Ces événements posent une question cruciale aux professionnels de l'économie du sport : la valeur du créateur n'est-elle pas ici plus importante que le sport lui-même ? Ces événements "one-shot" ou annuels (GP Explorer, DTR Fight) sont des pics d'audience éphémères, reposant sur l'aura du créateur plus que sur la compétition sportive.

Le contraste est frappant avec le défi des clubs, des ligues et fédérations traditionnelles, qui doivent maintenir l'engagement et l'attractivité chaque semaine ou pendant toute une saison.

Le succès d'une course de Formule 4 ou d'un combat de boxe est décuplé par Squeezie ou Billy, révélant la difficulté pour les instances sportives d'innover et de monétiser leur propre contenu sans l'apport d'un influenceur superstar.

Mais ces événements sont aussi un miroir critique qui renvoie le sport professionnel à son propre manque d'agilité dans le domaine du divertissement.

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