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Le Racing Club de Lens rachète le Stade Bollaert-Delelis

Le RC Lens a franchi une étape historique en devenant le troisième club de Ligue 1 propriétaire de son stade, Bollaert-Delelis, après l'Olympique Lyonnais et l'AJ Auxerre. La municipalité lensoise a officiellement validé cette cession ce mercredi 21 mai 2025. Cette acquisition, pour un montant de 27 millions d'euros, sera effective en septembre 2025. Elle symbolise une consolidation du modèle économique du club et une affirmation de son ancrage territorial.

Une stratégie de pérennisation et de diversification des revenus

Pour Joseph Oughourlian, président et actionnaire majoritaire du RC Lens depuis 2018, cette acquisition est "un acte, hautement symbolique, qui vient consolider le modèle d’exploitation de l’enceinte par le club." Historiquement, le RC Lens bénéficiait depuis 2002 d'un bail emphytéotique courant jusqu'en juin 2052, s'acquittant d'un loyer annuel d'environ 500 000 euros, de la taxe foncière, et du remboursement d'un emprunt régional de 11 millions d'euros lié à la rénovation du stade pour l'Euro 2016. Un total annuel de charges s'élevant à environ 2,3 millions d'euros.

L'idée d'acquérir le stade remonte à 2017, suite aux préconisations de la Cour des comptes d'augmenter les mensualités de remboursement. Pour le club, l'enjeu est de diversifier ses revenus et de renforcer sa solidité financière, particulièrement face à la volatilité des actifs joueurs et à la baisse des droits TV. "On est de plus en plus conscient que pour que des clubs comme le nôtre survivent, il faut qu’on soit le moins dépendant possible des droits télé," a souligné Joseph Oughourlian. Alors que le club espérait 23 millions d'euros de droits domestiques, ceux-ci ont chuté à 10 millions d'euros cette saison (plus 4 millions d'euros de droits internationaux). L'acquisition de Bollaert-Delelis, financée par un emprunt de 27 millions d'euros auprès d'une banque étrangère, ajoute un "actif foncier solide" au patrimoine du club, aux côtés du centre d'entraînement de la Gaillette. Cette stratégie pourrait même favoriser l'arrivée d'un investisseur minoritaire, attiré par la solidité financière accrue du club.

Des engagements forts envers le territoire et les supporters

L'acquisition de Bollaert-Delelis s'accompagne d'engagements forts de la part du RC Lens envers la ville et ses habitants. Un point crucial pour les supporters est la préservation du nom du stade, Bollaert-Delelis, et de ceux des tribunes, ce qui signifie que le club ne cédera pas aux sirènes du naming commercial, malgré son potentiel financier. Cette clause est inscrite pour une durée de vingt ans dans l'acte notarié, avec une indemnité forfaitaire et dégressive due à la ville en cas de non-respect, fixée à 5,7 millions d'euros la première année.

Dès cet été, des travaux de valorisation des espaces d'accueil sont prévus, notamment sur le parvis et dans les coursives, avec l'objectif d'améliorer l'expérience des supporters les jours de match. Le club compte "continuer d'investir dans Bollaert-Delelis en réaménageant ses vestiaires, de nouvelles hospitalités, et en ouvrant de nouveaux lieux de vie sur le parvis à ses supporters afin d'avoir un peu plus de rayonnement les jours de matches." L'ambition à long terme est de "transformer le stade en véritable lieu de vie, y compris en dehors des jours de match," s'inscrivant dans un projet d'aménagement public immobilier plus vaste de la ville de Lens.

Une transaction bénéfique pour la ville et un enjeu politique

La décision de la ville de Lens de céder Bollaert-Delelis s'inscrit dans un partenariat global, comme l'explique le Maire, Sylvain Robert : "Cette démarche s'inscrit dans un projet global et l'accompagnement du RC Lens, que nous avons soutenu par le passé dans les moments difficiles, par exemple en étalant ses loyers." La vente du stade pour 27 millions d'euros va permettre à la ville de Lens de financer d'autres projets locaux. "Avec ces 27 M€, nous allons diminuer la taxe foncière de 5% en 2026. Puis de 10% dans les années à venir," précise Sylvain Robert. Les fonds seront également alloués à l'aménagement d'écoles, à des rénovations thermiques de bâtiments, au renforcement des effectifs de la police municipale, et à des projets d'aménagement urbain du "cœur de ville" comme la place Jean-Jaurès et le boulevard Basly.

Le prix de vente de 27 millions d'euros a été calculé sur la base d'une valorisation initiale du stade à 54,9 millions d'euros par les services des Domaines, à laquelle ont été soustraites diverses décotes liées aux engagements du club et à des clauses spécifiques. Parmi ces décotes, 6,5 millions d'euros correspondent à l'engagement de non-changement du nom du stade, 8,4 millions aux droits résiduels du bail emphytéotique administratif, 10,1 millions au prêt contracté par le Racing auprès de la Région Hauts-de-France, et 3 millions d'euros de décote liée à l'illiquidité du bien.

Cependant, cette décision a rencontré une opposition. Le député Rassemblement National Bruno Clavet a menacé d'un recours en annulation, dénonçant un "transfert de bien public au privé" et craignant pour la "mémoire collective" face aux "intérêts commerciaux". Sylvain Robert a rétorqué que cette opposition méconnaît "l'histoire locale ou les enjeux du sport aujourd'hui," soulignant la nécessité de s'adapter au "modèle du foot de demain avec la baisse des droits télé."

L'ambition d'augmenter la capacité de Bollaert-Delelis

Avec 67 matchs officiels consécutifs à guichets fermés depuis février 2022 et une capacité actuelle de 38 223 places (figée après la rénovation pour l'Euro 2016), le RC Lens est confronté à une forte demande. Joseph Oughourlian a évoqué des projets d'augmentation de la capacité de Bollaert-Delelis. "Si on peut trouver les moyens d’agrandir et d’ajouter des places, on le fera," a-t-il affirmé, ajoutant qu'il y a "des choses plus ambitieuses qu’on pourrait faire" au-delà de la simple récupération de places perdues. Le record d'affluence du stade, établi en 1992 avec 48 912 spectateurs lors d'un Lens-Marseille, montre le potentiel d'une telle expansion.

L’acquisition de Bollaert-Delelis par le RC Lens est une opération financière et stratégique majeure. Elle permet au club de sécuriser son avenir, de diversifier ses revenus et de renforcer son ancrage territorial. Le cas du RC Lens est un exemple pertinent d'un club qui, face aux incertitudes du marché des droits TV, choisit d'investir dans son patrimoine immobilier pour créer de la valeur à long terme, tout en consolidant son lien unique avec sa ville et ses supporters. Cet exemple peut aussi donner une piste à d’autres villes et à d’autres clubs.

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