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Top Story
Le Top 14 garde à l’œil la "ligue pirate"
À la veille de la reprise du Top 14, la Ligue nationale de rugby a célébré la bonne santé de son championnat, se proclamant "leader mondial". Ce moment d'auto-congratulation, chiffres à l'appui, est aussi une démonstration de force face à un projet qui, bien que non encore concrétisé, est perçu comme une menace sérieuse : la "Rebel League" (R360), surnommée la "ligue pirate" dans les couloirs de la LNR.
L’insolente santé économique du rugby français
Yann Roubert, président de la LNR, a énuméré les indicateurs d'un "écosystème (...) vertueux". Les affluences ont établi un "record battu pour la deuxième année consécutive", avec une moyenne de "plus de 16 000 spectateurs" et six clubs ayant joué "toute la saison à guichets fermés". Sur le plan médiatique, les audiences sont tout aussi "resplendissantes" avec "2 millions de téléspectateurs chaque week-end".
Ce modèle français, fort de 30 clubs professionnels répartis en Top 14 et en Pro D2, est présenté comme un contre-exemple à la fragilité des autres championnats, notamment le championnat anglais qui a perdu plusieurs clubs en 2022. La LNR se targue d'attirer "le plus de stars, le plus de téléspectateurs, le plus de droits télé, le plus de partenaires", justifiant ainsi son statut de leader.
La menace de la “ligue pirate” et la pression sur les salaires
Ce tableau idyllique est mis à l'épreuve par le projet de la Rebel League, qui ambitionne de créer un circuit réunissant "les meilleurs joueurs de la planète" en 12 franchises. Si ce projet suscite le scepticisme, il n'en est pas moins une "menace" perçue avec "vigilance" par les dirigeants du Top 14.
La principale préoccupation est financière. Selon Yann Roubert, les promoteurs de la ligue pirate auraient proposé à des joueurs des salaires "entre 500 000 et un million d’euros, voire plus pour les éléments les plus prestigieux". Cette information est d'autant moins anodine qu'elle arrive au moment où les clubs de Top 14 doivent discuter de la baisse ou non de leur salary cap. Même si les joueurs français approchés, comme Damian Penaud et Matthieu Jalibert, n'ont pas donné suite à ces propositions, la menace de voir les salaires s'envoler et de perdre les meilleurs joueurs pèse sur le championnat.
La gouvernance mondiale à l’épreuve
Face à ce projet, la LNR se tourne vers l'instance dirigeante du rugby mondial. Yann Roubert a appelé World Rugby à "prendre ses responsabilités". Un board de l'institution doit se tenir à la fin du mois pour examiner le projet. Le président de la LNR, qui qualifie le modèle de la ligue pirate d'"hérésie", espère que la décision de World Rugby sera sans équivoque.
Le verdict de cette instance sera crucial pour l'avenir de l'écosystème du rugby professionnel et pour la capacité du Top 14 à maintenir son modèle vertueux face aux sirènes d'une concurrence qui pourrait bien déstabiliser l'économie de ce sport.
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