Comme tous les matins, retrouvez l’essentiel de l’actualité des affaires du sport et de l’esport Merci pour votre lecture et n’hésitez pas à la partager !

Michele Kang : "L'OL féminin doit s'émanciper des garçons"

L'Olympique Lyonnais Féminin entre dans une nouvelle ère en se rebaptisant "OL Lyonnes" et en adoptant un logo distinct. Cette démarche, annoncée par la propriétaire Michele Kang, marque une volonté forte d'émancipation de la section féminine, tout en s'appuyant sur l'héritage du club. Cette stratégie révèle des enjeux de branding, de développement d'audience et de valorisation d'un actif sportif unique.

"L'Olympique lyonnais est la meilleure équipe dans l'histoire du football féminin. Les joueuses méritent leur propre identité. Elles ne sont pas secondaires à l'équipe des hommes, ou la petite sœur de quelqu'un," affirme avec conviction Michele Kang. Ce changement de nom et de logo n'est pas un simple lifting esthétique, mais une décision stratégique visant à affirmer l'identité propre d'une équipe au palmarès inégalé. Michele Kang souligne un déséquilibre initial en termes de ressources humaines : "Quand je suis arrivée ici, l'équipe avait seulement 11 employés dédiés. Combien d'employés de l'équipe des hommes ? Deux ou trois fois plus." L'objectif est clair : professionnaliser la structure féminine avec des ressources dédiées pour consolider sa position de leader mondial.

Le nouveau logo, avec une lionne au lieu d'un lion, symbolise cette identité féminine. "Nous sommes une équipe féminine. Pourquoi mettons-nous un lion masculin ? Nous devions donc le changer par des lionnes," explique Michele Kang. Le nom "OL Lyonnes" conserve l'ancrage au club historique et à la ville de Lyon, tout en marquant une différenciation. "C'est comme les enfants qui grandissent et quittent leur maison pour devenir leur propre personne. Nous voulons s'assurer que l'héritage de l'OL fera toujours partie de l'équipe féminine."

Un autre changement majeur concerne le lieu des matchs. L'équipe jouera désormais tous ses matchs au Groupama Stadium, abandonnant le centre d'entraînement. Si Michele Kang reconnaît que "c'était probablement parce que c'était trop grand" initialement, elle justifie ce choix par la nécessité de construire une base de fans solide : "Vous ne pouvez pas développer une base de fans en changeant régulièrement entre le centre d'entraînement et le Groupama Stadium. Vous ne pouvez pas construire une base de fans et une expérience de fans de cette manière." Malgré le coût important d'ouverture du grand stade, cette décision stratégique vise à offrir une expérience de match digne du statut de l'équipe. L'idée d'un stade de taille moyenne reste à l'étude pour l'avenir.

La création d'une véritable communauté de fans est une priorité. Une enquête a été menée pour identifier les caractéristiques des supporters actuels et futurs, ciblant notamment les jeunes familles et les jeunes actifs. L'objectif est de proposer une "expérience totale" allant au-delà des 90 minutes de jeu, avec des animations avant, pendant et après les matchs. L'exemple du Washington Spirit, club américain où Michele Kang a réussi à multiplier l'affluence par huit en deux saisons en misant sur une expérience fan enrichie, est éloquent. "Deux saisons plus tard, nous vendons constamment 15 000-16 000 tickets pour chaque match. Cela prend du temps, mais vous devez construire ces expériences uniques."

Pour convaincre les sceptiques, Michele Kang lance un appel direct : "Je leur demande qu'ils viennent juste une fois au stade. Ne regardez pas la télé, ne regardez pas sur l'ordinateur, venez juste au stade. Si vous n'êtes pas convaincu, je vous laisserai tranquille." Elle insiste sur la nécessité de mieux communiquer sur l'identité et l'expérience unique du football féminin, un "produit différent des hommes."

Les premiers résultats sont encourageants, avec une augmentation du nombre de billets payants et des affluences notables, atteignant 40 000 spectateurs par le passé. "Même en termes de billets payants, ce nombre est en train de grandir," se réjouit Michele Kang.

Un autre projet structurant est le regroupement de toutes les équipes féminines sur un centre d'entraînement dédié à Meyzieu. "Nous avons besoin d'un espace dédié. C'est ce qu'il y a à Meyzieu même si c'est à trois kilomètres," explique-t-elle, soulignant que ce centre a été spécifiquement conçu pour répondre aux besoins des athlètes féminines, en intégrant des recherches spécifiques sur leur physiologie et leur biologie, en collaboration avec l'UEFA. "Nous traitons absolument nos joueurs féminins en tant que femmes. Nous leur donnons des chaussures adaptées à leur jeu et pas des chaussures pour les hommes."

La stratégie de Michele Kang pour l'OL Lyonnes repose sur une émancipation identitaire forte, une professionnalisation accrue des structures, un investissement dans l'expérience fan et un développement d'infrastructures dédiées. Pour les professionnels de l'économie du sport, ce cas illustre le potentiel de croissance et de valorisation du football féminin lorsqu'il est abordé avec une vision stratégique et des investissements à la hauteur de son succès sportif. L'OL Lyonnes ambitionne de devenir une référence non seulement sur le terrain, mais aussi en termes de modèle économique et d'engagement de sa communauté.

À lire sur olympique & lyonnais

"Nous voulons dire que nous sommes des Lyonnes et pas des Lyons" : l'OL féminin change de nom et de logo - l’équipe, front office sports (en)

+20%

C’est la hausse du chiffre d’affaires commercial de l’AS Monaco par rapport à la saison dernière.

À lire sur l’équipe

Voici le lien le plus cliqué dans le newsletter précédente

Nicolas Dupeux va quitter la direction de l'Accor Arena de Bercy - l’équipe