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Alpes 2030 : crise de gouvernance ouverte après la démission de la directrice des opérations

Seulement cinq mois après son arrivée à la direction des opérations du comité d’organisation des Jeux Olympiques d’hiver des Alpes 2030, la démission d’Anne Murac illustre une crise de régime larvée. Ce départ, intervenant sur un "poste extrêmement stratégique", cristallise les tensions liées à de "graves désaccords au sein de de la gouvernance" et au choc des cultures entre le modèle de grands événements urbains et les réalités alpines.

Le péché originel politique et financier

Le projet est miné dès sa genèse. La candidature a été décidée "au plus haut sommet de l’État", malgré des réserves ministérielles. Elle fut construite "à la hâte" par les présidents de régions. Le budget initial de 2 milliards d’euros a été "dessiné... à la louche" par le CNOSF, sans consulter les équipes de Paris 2024, pourvu que l'on maintienne la façade d'"exemplarité financière". Aujourd'hui, ce vernis se craquelle, forçant l'État et les régions à "remettre au pot" pour réviser la maquette.

Une fragilité amplifiée par l'absence totale de fonds privés : à ce jour, "pas un euro d’argent privé n’est entré dans les caisses du Cojop". Si le président Edgar Grospiron a promis l'annonce de sponsors majeurs (Orange, EDF et BPCE ?) avant les JO de Milan en février 2026, le temps presse.

L'exportation contestée du modèle paris 2024

Forte d'une expertise de plus de 25 ans et surtout de son rôle majeur chez Paris 2024, Anne Murac aurait tenté d'exporter des méthodes qui, si elles ont marché à Paris, n'auraient pas trouvé d'écho sur le terrain. Des sources internes évoquent un "sentiment" de décalage entre son savoir-faire et les spécificités de la montagne.

L'ancienne directrice des opérations est ainsi critiquée pour une "entame délicate avec les territoires", avec un manque d’"humilité". Le directeur général, Cyril Linette, a reconnu le "manque de temps pour mettre en musique une photo politique en réalité technique et de terrain", une difficulté qui a conduit à la désignation des responsables de clusters par les "responsables politiques omniprésents" sans son aval, déclenchant l'ire d'Anne Murac.

Des facteurs de fragilité budgétaire et législative

Ce départ survient en cascade d'autres problèmes qui fragilisent le projet. Le Conseil départemental de la Savoie a annoncé la "suspension jusqu’à nouvel ordre de sa participation", refusant d'être considéré comme une "variable d'ajustement budgétaire".

De plus, le climat d'instabilité politique ambiant risque de retarder le vote de la loi olympique spécifique aux JOP 2030. Ce texte législatif est pourtant indispensable pour encadrer les engagements de l'État, sécuriser le financement et garantir le calendrier des travaux, déjà contraint par le "plus court délai jamais vu dans l’histoire" de l'organisation des Jeux. L'accumulation des polémiques complique la validation de ce cadre essentiel. L'instabilité fait craindre une "crise de régime", face à laquelle des voix politiques comme Fabrice Pannekoucke, Président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, réaffirment : "Ceux qui ne se retrouvent pas dans le projet doivent le quitter".

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