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Arkéa et B&B Hôtels mettent fin à leur contrat de sponsoring avec l'équipe française

L'équipe cycliste bretonne, actuellement sous la bannière Arkea-B&B Hôtels, est confrontée à un défi économique majeur : ses deux sponsors titres, Arkea et B&B Hôtels, ont annoncé qu'ils ne renouvelleront pas leurs contrats respectifs à la fin de la saison 2025.

Cette nouvelle, confirmée par l'équipe d'Emmanuel Hubert, survient malgré une victoire d'étape au Tour de France 2024 et une récente deuxième place sur le Tour de Suisse pour Kévin Vauquelin, soulignant la fragilité du modèle économique du cyclisme professionnel face à l'inflation des budgets.

Un contexte difficile et un déséquilibre financier

Arkea, partenaire de l'équipe depuis 2016 (d'abord sous le nom de Fortuneo), et B&B Hôtels, arrivé en 2024, ont décidé de ne pas poursuivre leur engagement. Cédric Malengreau, directeur de la communication du Crédit Mutuel Arkéa, évoque un "contexte difficile" et une évolution du cyclisme qui "ne se transforme pas dans le bon sens", notamment en raison de "budgets qui sont en inflation considérable aujourd'hui entre les plus petites équipes et les plus grosses équipes".

Pour lui, il existe un "trop gros déséquilibre" financier dans le World Tour, où le financement repose "sur les seules épaules des sponsors". Cédric Malengreau déclare : "On ne trouve plus notre place dans ce contexte. À part deux ou trois équipes, c'est très compliqué. C'est compliqué pour nous d'exister en terme d'image".

Malgré des "plusieurs millions d'euros par saison" investis, ces budgets sont jugés "très largement insuffisants par rapport à ce qu'il faudrait pour exister sur le World Tour". L'équipe, malgré ses bonnes performances récentes, regrette la difficulté à être mise en avant face aux "cadors du peloton".

Les récents succès ont "créé du bonheur en interne et une vraie visibilité pour notre équipe", suscitant l'intérêt de potentiels partenaires via des SMS, mais sans aller plus loin en termes de signature.

La quête de nouveaux financements

Emmanuel Hubert, manager général de la structure Arkea-B&B Hôtels, qui comprend également une équipe continentale et une équipe professionnelle féminine, se veut optimiste mais ne cache pas l'urgence de la situation.

"Je travaille d'arrache-pied pour pérenniser l'avenir de l’équipe. C'est mon objectif de tous les instants", assure-t-il. L'équipe, dont le budget actuel représente "presque 20 millions d'euros", estime que "Pour exister, il faut minimum 20 millions d'euros", voire "30 millions d’euros", des sommes qui "ne se trouve[nt] pas sous le sabot d'un cheval".

Emmanuel Hubert multiplie les rendez-vous, ayant déjà rencontré "environ 120 entreprises", mais constate qu'"intérêt n'est pas signature". Il fixe le Tour de France (5-27 juillet) comme une échéance cruciale : "Si rien n’est signé pendant le Tour, ce sera difficilement envisageable de garder cette configuration d’équipe (trois équipes et 150 salariés)".

Très attaché à l'identité bretonne de son équipe, il espère conserver des sponsors locaux, mais est prêt à chercher "à l'extérieur" si nécessaire. Il en appelle même aux "politiques, aux dirigeants d’entreprises de la région", rêvant d'un "consortium d’entrepreneurs bretons" pour former "une équipe de la Bretagne, avec divers sponsors de notre belle région".

Face à l'incertitude, la situation est "anxiogène" en interne, et Emmanuel Hubert se dit prêt à "redescendre d'un cran et repartir avec un plus petit budget en 2026", même si cela impliquerait des "casses" et ne se ferait pas sans la garantie de participer au Tour de France.

Les coureurs sont libres de s'engager ailleurs s'ils le souhaitent, et le recrutement est à l'arrêt. Emmanuel Hubert vit personnellement une situation "assez compliquée", avec des moments de "solitude" et de "doute", soulignant l'investissement personnel colossal requis pour sauver la structure.

Cette situation met en lumière les défis de financement et la fragilité des équipes cyclistes professionnelles face à l'augmentation des coûts et la difficulté de trouver des engagements de sponsoring à long terme dans un marché compétitif.

Implications et réflexions

Le cas de l'équipe Arkea-B&B Hôtels est emblématique des défis structurels auxquels est confrontée l'économie du cyclisme professionnel. La forte dépendance aux sponsors titres expose les équipes à une grande vulnérabilité en cas de retrait, forçant les managers à une course contre la montre pour la survie.

Contrairement à d'autres sports où les droits télévisuels et les revenus de billetterie constituent des piliers financiers plus stables, le cyclisme repose majoritairement sur l'investissement direct des entreprises. L'inflation des budgets, due à l'augmentation des salaires des coureurs, du coût des équipements et de la logistique des courses World Tour, met une pression croissante sur les sponsors qui peinent à trouver un retour sur investissement image suffisant face à la domination des "géants" du peloton.

La difficulté à valoriser l'image des équipes de second rang, même en cas de bons résultats, rend la prospection de nouveaux partenaires d'autant plus ardue. Ce scénario pousse à réfléchir à des modèles de financement plus diversifiés pour les équipes cyclistes, incluant potentiellement des fonds d'investissement, des systèmes de licences ou des partenariats multipartites pour mutualiser les risques et assurer une plus grande pérennité.

L'appel d'Emmanuel Hubert aux acteurs économiques et politiques régionaux souligne également le potentiel inexploité des ancrages territoriaux forts pour soutenir les structures sportives professionnelles. Et, même si son équipe a développé une identité bretonne forte, il semble illusoire de pouvoir changer de modèle en quelques mois…

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