Bruno Mauduit, sur l’arrêt du programme moteurs F1 d’Alpine : “C’est dramatique et triste”
La fermeture du site de Viry-Châtillon, berceau des moteurs Renault en Formule 1, marque la fin d’une ère. Les témoignages de Bruno Mauduit et Denis Chevrier, deux acteurs clés de cette histoire, dressent un portrait sans concession d’une entreprise en proie à des choix stratégiques discutables.
« C’était décidé depuis le mois d’août. C’est bien dommage et triste, pour toute l’histoire de Viry », déplore Bruno Mauduit, qui a piloté les moteurs Renault F1 pendant près de deux décennies. Pour lui, « cette décision n’est pas étonnante, elle est le fruit de dix ans de mauvaise gestion ». Denis Chevrier, son successeur, abonde dans le même sens : « Alpine veut faire de la F1 pas cher, c’est ce qu’ils ont toujours voulu faire. »
Ces deux experts pointent du doigt une culture d’entreprise qui a privilégié la rentabilité à court terme au détriment de l’innovation et de la performance. « On nous dit que le moteur 2026 est génial ? Il faut voir, on ne peut pas mettre ça en avant comme argument pour continuer », s’interroge Bruno Mauduit. Denis Chevrier, quant à lui, dénonce « une cabale de la part de l’équipe châssis qui a caché ses carences ».
Les conséquences de ces choix sont dramatiques. « C’est la démonstration malheureuse que si on ne veut pas mettre les moyens, au bout d’un moment, on ne peut pas vivre sur le passé », souligne Denis Chevrier. Pour Bruno Mauduit, « tout le monde est fautif ». Il ajoute avec amertume : « Quand je suis passé il y a deux ans, je leur ai dit en partant ‘vous avez cassé le jouet’. »
Au-delà des chiffres et des résultats, c’est une histoire humaine qui se joue. Les deux hommes évoquent avec nostalgie une époque où « on tirait tous dans le même sens » et où « c’était un bonheur de travailler ensemble ». Denis Chevrier se souvient de « personnes d’une grande intelligence » et d’une « ambiance extraordinaire ».
La fermeture de Viry-Châtillon est une perte pour le sport automobile français et un symbole de la difficulté à concilier performance et rentabilité dans un monde ultra-compétitif. Les témoignages de Bruno Mauduit et Denis Chevrier nous rappellent que derrière chaque décision stratégique, il y a des hommes et des femmes, des passions et des rêves.
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